Stratégies de prévention des inondations

Plans de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI)

Les PPRI constituent l’un des principaux outils de prévention du risque inondation. Ils ont pour objectif principal de réglementer le développement de l’urbanisation dans les zones à risque. Concrètement, les PPRI :

• Délimitent des zones d’exposition au risque
• Réglementent les possibilités de construction ou d’aménagement dans ces zones
• Peuvent interdire les nouvelles constructions dans les secteurs à aléa fort
• Peuvent imposer des mesures comme la construction au-dessus des plus hautes eaux connues

Les PPRI sont élaborés par les services de l’État, sous l’autorité du préfet, après consultation des communes et enquête publique. Une fois approuvés, ils deviennent une servitude d’utilité publique opposable aux documents d’urbanisme.

Contrôle du développement urbain en zone inondable

Au-delà des PPRI, le contrôle de l’urbanisation en zone inondable passe par :

• La limitation, voire l’interdiction des nouvelles constructions dans les zones à fort risque
• La relocalisation des habitations les plus exposées quand c’est possible
• L’intégration du risque inondation dans les documents d’urbanisme comme les PLU

Préservation des champs d’expansion des crues

La préservation des zones naturelles d’expansion des crues est cruciale pour réduire l’impact des inondations. Cela implique de :

• Maintenir les espaces de liberté des cours d’eau
• Préserver et restaurer les zones humides qui jouent un rôle tampon
• Conserver les bras morts des cours d’eau qui servent de zones de stockage lors des crues

Adaptation des constructions

Pour les constructions existantes et futures en zone à risque modéré, des mesures d’adaptation sont nécessaires :

• Surélévation du premier plancher habitable au-dessus de la cote de référence
• Choix de matériaux résistants à l’eau pour les parties basses des bâtiments
• Installation de dispositifs d’étanchéité comme des batardeaux
• Mise hors d’eau des équipements sensibles (électricité, chauffage)

Restauration de zones humides et de prairies inondables

La restauration des écosystèmes naturels joue un rôle crucial dans la gestion des inondations :

• Zones humides :
  • Agissent comme des éponges naturelles, absorbant et stockant de grandes quantités d’eau
  • Ralentissent l’écoulement des eaux, réduisant les pics de crue en aval
  • Filtrent l’eau, améliorant sa qualité
  • Offrent des habitats précieux pour la biodiversité
• Prairies inondables :
  • Servent de zones d’expansion naturelle des crues
  • Réduisent la vitesse d’écoulement des eaux
  • Permettent une infiltration progressive de l’eau dans le sol
  • Maintiennent des espaces agricoles adaptés (pâturage, fauche)

La restauration de ces espaces peut impliquer la suppression de digues, le recreusement de dépressions, ou la réintroduction d’espèces végétales adaptées.

Réouverture de bras morts de cours d’eau

La reconnexion des bras morts aux cours d’eau principaux présente plusieurs avantages :

• Augmente la capacité de stockage du lit majeur lors des crues
• Ralentit la vitesse d’écoulement des eaux
• Favorise la sédimentation et réduit l’érosion en aval
• Restaure des habitats aquatiques diversifiés
• Améliore la qualité de l’eau par des processus naturels de filtration

Cette approche s’inscrit dans une logique de renaturation des cours d’eau, leur redonnant de l’espace et de la liberté de mouvement.

Plantation d’arbres et de haies

La végétalisation du paysage joue un rôle important dans la gestion des écoulements :

• Arbres :
  • Interceptent une partie des précipitations, réduisant le ruissellement
  • Leurs racines améliorent la structure du sol, favorisant l’infiltration
  • Contribuent à la stabilisation des berges le long des cours d’eau
• Haies :
  • Forment des barrières naturelles ralentissant les écoulements
  • Favorisent l’infiltration de l’eau dans le sol
  • Réduisent l’érosion des sols agricoles
  • Créent des corridors écologiques

La plantation stratégique de végétation peut significativement réduire les volumes et la vitesse du ruissellement, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines.

Désimperméabilisation des sols en milieu urbain

La réduction des surfaces imperméables en ville est essentielle pour améliorer la gestion des eaux pluviales :

• Techniques de désimperméabilisation :
  • Remplacement de l’asphalte par des revêtements perméables
  • Création de noues et de fossés végétalisés le long des voiries
  • Aménagement de parkings végétalisés ou en dalles alvéolaires
  • Transformation de cours d’école en espaces verts
• Bénéfices :
  • Augmentation de l’infiltration naturelle des eaux de pluie
  • Réduction du ruissellement et du risque d’inondation urbaine
  • Diminution de la charge sur les réseaux d’assainissement
  • Amélioration du cadre de vie et réduction des îlots de chaleur urbains

La désimperméabilisation s’inscrit dans une démarche plus large de « ville perméable » ou « ville éponge », visant à mieux intégrer le cycle naturel de l’eau dans l’aménagement urbain.

Création de surfaces végétalisées en ville

L’augmentation des surfaces végétalisées en milieu urbain joue un rôle crucial dans la gestion des eaux pluviales :

• Parcs urbains :
  • Absorbent une grande quantité d’eau de pluie
  • Ralentissent le ruissellement
  • Peuvent être conçus comme des bassins de rétention temporaires lors de fortes pluies
• Toitures végétalisées :
  • Retiennent jusqu’à 50-80% des précipitations annuelles
  • Réduisent le débit de pointe lors des orages
  • Offrent une isolation thermique supplémentaire aux bâtiments
• Murs végétalisés : Contribuent à l’absorption d’une partie des eaux de pluie

Utilisation de revêtements perméables

Les revêtements perméables permettent l’infiltration de l’eau dans le sol, réduisant ainsi le ruissellement de surface :

• Pavés drainants :
  • Permettent l’infiltration de l’eau entre les joints
  • Peuvent être utilisés pour les allées, parkings, et zones piétonnes
• Dalles alvéolaires :
  • Offrent une structure en nid d’abeille remplie de terre ou de gravier
  • Idéales pour les parkings et voies d’accès peu fréquentées
• Béton poreux : Permet l’infiltration directe de l’eau à travers sa structure
• Graviers stabilisés : Offrent une surface perméable tout en restant praticables

Déconnexion des gouttières vers des systèmes d’infiltration

La déconnexion des gouttières du réseau d’assainissement permet de gérer l’eau de pluie à la source :

• Jardins de pluie :
  • Zones végétalisées en légère dépression
  • Conçus pour recevoir et infiltrer l’eau des toitures et surfaces imperméables
  • Utilisent des plantes adaptées aux variations d’humidité
• Noues d’infiltration :
  • Fossés peu profonds et larges
  • Permettent le stockage temporaire et l’infiltration progressive de l’eau
  • Peuvent être intégrées dans l’aménagement paysager
• Puits d’infiltration : Structures verticales permettant l’infiltration directe dans le sol
• Citernes de récupération : Stockent l’eau de pluie pour une utilisation ultérieure (arrosage, nettoyage)

Préservation et restauration des zones d’expansion des crues

Les zones d’expansion des crues jouent un rôle crucial dans la gestion des inondations :

• Définition : Espaces naturels ou aménagés où les eaux de débordement peuvent s’étendre lors d’une crue
• Fonctions :
  • Stockage temporaire d’importants volumes d’eau
  • Réduction du débit de pointe en aval
  • Ralentissement de la propagation des crues
• Actions de préservation :
  • Identification et cartographie des zones existantes
  • Protection réglementaire via les documents d’urbanisme (PLU, SCOT)
  • Acquisition foncière par les collectivités
• Actions de restauration :
  • Reconnexion de zones humides au lit majeur des cours d’eau
  • Suppression ou recul de digues pour redonner de l’espace au cours d’eau
  • Aménagement de zones de sur-inondation contrôlée

Entretien des cours d’eau et gestion de la végétation

Une gestion appropriée des cours d’eau et de leur végétation est essentielle pour prévenir les inondations :

• Entretien du lit et des berges :
  • Enlèvement sélectif des embâcles et des obstacles à l’écoulement
  • Curage raisonné pour maintenir la capacité hydraulique
  • Stabilisation des berges par des techniques de génie végétal
• Gestion de la ripisylve (végétation des berges) :
  • Élagage et abattage sélectif des arbres menaçant de tomber
  • Maintien d’une végétation diversifiée et adaptée
  • Lutte contre les espèces invasives
• Restauration écologique :
  • Reméandrage des cours d’eau rectifiés
  • Création de zones humides annexes
  • Restauration de la continuité écologique (suppression d’obstacles)

Limitation de l’imperméabilisation des sols

La maîtrise de l’imperméabilisation des sols est un enjeu majeur pour réduire le ruissellement et les inondations :

• Outils réglementaires :
  • Intégration d’objectifs de limitation dans les documents d’urbanisme (PLU, SCOT)
  • Mise en place de coefficients de pleine terre ou de biotope
  • Réglementation des eaux pluviales imposant une gestion à la parcelle
• Techniques alternatives :
  • Promotion des revêtements perméables pour les parkings et voiries
  • Incitation à la création de toitures végétalisées
  • Aménagement de noues et de bassins d’infiltration dans les projets urbains
• Densification urbaine raisonnée :
  • Optimisation de l’utilisation des espaces déjà artificialisés
  • Renouvellement urbain intégrant des espaces verts et perméables
  • Limitation de l’étalement urbain
• Désimperméabilisation :
  • Identification des surfaces pouvant être désimperméabilisées
  • Transformation d’espaces imperméables en espaces verts ou perméables
  • Incitations financières pour les projets de désimperméabilisation